Après Clermont-Ferrand : "Nous sommes partants pour continuer à cheminer ensemble et avancer par des actions concrètes !"

La rencontre-débat du 10 octobre, aube d'initiatives nouvelles :  

 

Le soir du 10 octobre à Clermont-Ferrand, l'amphi ultramoderne du centre diocésain était comble : assistance de tous âges et de tous milieux, réunie pour la soirée-débat introduite par mon exposé : « Chrétiens, et si on changeait le monde ? ». Soirée patronnée par les frères capucins, les AFC, la Procure, toutes les amitiés chrétiennes locales, et honorée de la présence de Mgr Hippolyte Simon... Dès le lendemain matin, des participants bombardaient les organisateurs  de messages : « Hier soir, on y était tous et c'était bien » - « On réfléchit aux premières choses à changer » - « Chouette, c'est la révolution  » - « Une de mes amies a réfléchi tout le début de la nuit avec son mari à ce qu'ils pourraient faire de leur propriété de famille : jardins partagés and co » - « Notre voisine a été très impressionnée par le contenu et réfléchit » - « Deux filles sont enthousiastes et prêtes à remettre beaucoup de choses en cause dans leur quotidien » - « Notre voisin lycéen a été passionné, ainsi que sa petite amie qui n'est pas chrétienne je crois » - « Deux personnes qui ont suivi le parcours Alpha du printemps étaient là et très contentes » - « Tous seuls on ne peut rien, mais ensemble... » - « Nous sommes partants pour continuer à cheminer ensemble et avancer par des actions concrètes ! »

Que s'était-il passé la veille au soir ? Du très simple. Il suffit de suivre l'appel du pape François aux catholiques : « sortez ! allez vers les périphéries ! mettez une joyeuse pagaille dans cette société ! », et l'on oublie les phobies. On oublie les divisions, les faux-semblants, et surtout l'idéologie de classe sociale qui est devenue la tentation numéro 1 des catholiques français depuis peu – même si elle exaspérait déjà Bernanos en 1938.

Il est dérisoire de dire que le fruit des mobilisations populaires des six derniers mois serait de doper une nouvelle « droite » ! Un grand mouvement de société ne peut se racornir en partisanerie. D'autant que les partis, quels qu'ils soient, devenus zombis sous « la dictature des marchés » (comme dit le pape François), sont incapables de s'insurger contre cette dictature ; ils sont même incapables de la voir telle qu'elle est,  puisqu'ils servent la machine libérale – y compris ceux d'entre eux qui s'ornent de pensées « conservatrices », car ni les abstractions ni les voeux pieux ne protègent contre la réalité du système néolibéral : « l'autonomie absolue des marchés » et sa « tyrannie invisible », selon l'expression du pape François.

Reconnaître ces réalités est une libération pour l'esprit. Une fois compris ce qu'est en réalité le libéralisme, une fois compris que la crise économique n'est qu'un aspect d'une crise de civilisation, vient le désir de semer les graines d'une nouvelle civilisation : et de le faire tout de suite, autour de nous, avec de petits moyens matériels mais de grands moyens humains. C'est de ça que nous avons parlé jeudi soir à Clermont-Ferrand. C'est pour ça que des énergies jaillissent. Elles ne sont pas de droite. Ni de gauche. Elles sont nouvelles. Aux antipodes de l'individualisme, de la concurrence, de l'accumulation et de la rapacité qui sont les clés du libéral (« la droite fière de ses valeurs ») ! Elles parlent du local, du constructif, du convivial, du mutuel, du partagé et même du gratuit : repères communs aux catholiques et aux non-chrétiens (selon la formule de la DSE) ; repères proposés depuis des décennies par les papes successifs, et brandis par le pape actuel ! Le monde actuel est crépusculaire, mais nous sommes portés par le matin de Pâques.